Tome 1 : Le T'Sank

La fantasy est un territoire vague, une vaste terre, un royaume où, devant le succès grandissant du genre, il est facile de s'engouffrer et facile de n'être alors qu'un auteur parmi tant d'autres, rabâchant des thèmes mille fois vus et archi revus.
La fantasy est donc multiple mais il reste encore des territoires en friches et derrière les grosses locomotives, derrière le géantissime Tolkien, se cachent divers sous genres. Si le style sombre et les grandes épopées telles que celles mises en place par Robin Hobb a les faveurs du public (je dois avouer qu'il a aussi les miennes) il est une friche encore trop peu explorée à mon goût, où certains audacieux s'aventurent malgré tout, tels que Catherine Dufour ou Terry Pratchett. Je veux bien sûr parler d'une fantasy plus légère. Dans ce domaine, il faudra désormais compter sur un nouvel auteur qui publie aujourd'hui son premier roman, début d'un cycle, Alexis Flamand.
Le T'sank, le titre de ce premier tome donc, ce sont deux histoires sombres malgré tout, voire profondes, une quête et une enquête, mais racontées avec humour, créant ainsi un décalage particulier et réussi entre les actions et le ton sur lequel nous sont contées ces même actions. Alexis Flamand arrive à être léger dans la gravité, souvent drôle et parfois même frôle le surréalisme, voire un absurde très british.
Je disais donc deux histoires. Tout d'abord, celle de Maek qui quitte son village pour s'en aller chercher la fameuse école de T'sank, où l'on forme des exécuteurs. Pour cela, il devra affronter des champs de blé carnivores qui s'étendent à perte de vue. Des blés particulièrement voraces et intelligents. Au final la découverte qu'il fera est plutôt stupéfiante. La seconde histoire, qui se déroule en parallèle, est celle d'un questeur, c'est-à-dire un magicien enquêtant sur la magie, qui voit son royaume, soit sa maisonnée et son jardin, annexé par le royaume de Kung Bohr. Voilà notre personnage embarqué dans une folle aventure (et c'est rien de le dire) où il sera obligé de voyager sur le dos d'étranges créatures, autant moyen de locomotion que nourriture, en compagnie des son fidèle Retzell, démon farceur, gaffeur et surtout très drôle (mon perso préféré !!). Mais notre héros, Jonas, n'est pas au bout de ses surprises et le voilà obligé d'enquêter sur une étrange affaire de meurtres particulièrement sanglants...

Ces aventures, complètement « barrées », sont pour Alexis Flamand l'occasion de nous dépeindre avec humour, légèreté et folie un monde abracadabrant remplit d'étrangeté et d'absurde. C'est là toute la force de cet auteur, les descriptions et son sens de l'humour absolument prodigieux!
On ne rit pas forcement à gorge déployée dans le T'sank, on n’est pas dans du Catherine Dufour, mais ce roman est pour moi une petite réussite et lire Alexis Flamand c'est être sûr de mettre de la bonne humeur dans son quotidien et de lire une fantasy un peu différente de ce qui se fait en tant normal.
J'insiste sur cet humour particulier car il n'est pas si simple que cela de faire rire un lecteur ou même sourire. Mais pourtant, l'histoire qui nous est racontée là est loin d'être complètement stupide, bien au contraire! Comme quoi on peut être léger et grave en même temps...
Dans la première histoire, celle de Maek, on réfléchit sur le destin et la providence et on se moque un peu des dieux. Rire n'est pas toujours anodin.
Dans la seconde histoire, on est un peu comme dans Brazil de Terry Gilian auquel le roman m'a parfois fait penser, en train de fustiger une administration, une politique remplie de paperasserie, de grotesque, de mensonges, de manipulations et autres joyeusetés. Encore une fois on rit, on est subjugué par l'univers décrit, mais en même temps l'absurde oblige à une certaine réflexion sur notre monde.
L'univers du T'sank est peuplé de créatures toutes plus géniales les unes que les autres évoluant dans un univers jamais vu. Bien sûr parfois l'histoire en pâtit un peu mais cela reste une agréable lecture tout de même.

Il s'agit d'un premier roman et c'est une réussite! Bien sur, on se demande un peu où va aller l'auteur par la suite, parfois les descriptions sont plus longues que l'action, mais le ton employé fait que l'on sourit et le roman est très accrocheur. En tant normal, je ne suis pas très friand de ce genre de fantasy mais là, il y a vraiment une plume qui sait saisir le plus drôle et le plus loufoque dans chaque situation. Voilà donc une oeuvre originale et qui se démarque bien de tout le reste! J'attends la suite avec impatience pour voir où tout cela peut nous mener...

Psycho-Vision - Note 8/10 - Lien vers l'article

Agenda

Librairie De plume et d'Epée, à Crémieu, les 29 et 30 octobre 2022 pour deux jours de dédicace et une soirée jeu de rôle !

A propos du Cycle

Les tomes du Cycle sont :

1. La Porte des Abysses

2. La Citadelle de Nacre

3. La Nef Céleste

10 bonnes raisons de lire Alamänder

- C'est encore mieux que Fantomette contre Sauron
- Vous voulez plagier un bouquin de Fantasy, pourquoi pas celui-là ?
- Vous aimez le blé carnivore
- Vous aimez les pieuvres en général
- Vous n'avez rien d'autre à faire pour le moment
- Vous êtes un adulte responsable, vous n'avez pas à vous justifier
- Vous voulez une excuse pour glander au boulot ( d'habitude vous lisez l'annuaire )
- Tellement de personnes disent du mal d'Alamänder que ça mérite le détour
- Vous êtes la cible d'un odieu chantage dont je suis l'instigateur pour vous obliger à le lire
- Vous ne le savez pas encore, mais vous allez mourir dans peu de temps. Pourquoi ne pas prendre les dernières minutes qui vous restent pour commencer un chouette bouquin ?

10 bonnes raisons de ne PAS le lire

- Vous êtes un canard, vous ne savez donc pas lire
- Vous êtes mort
- Votre belle-mère s'appelle Gisèle Alamänder
- Vous ne savez pas que ce roman existe et vous n'avez même pas internet, de toute façon
- Ça manque de sexe, de sang et de harengs
- Il n'y a pas de nain, de troll, de dragon, d'orque, de mort-vivant, d'elfe, d'elfe noir, d'elfe des forêts ni d'elfe des plages
- Je préfère SAS
(Oui, je sais, ça ne fait que 7 raisons. Vous ne pensez tout de même pas que je vais continuer à enfoncer mon bouquin, non ?)